A Propos de la Supervision de Praticiens

Entretien entre Victoria Dubois et Dominique Espaze

V.D. :

- Dominique, tu es hypnologue, coach, formatrice et superviseuse. Peux-tu me parler de ta pratique ?

 D.E. :

- Oui, je suis formatrice en hypnose et pour la Méthode Phoenix Capacity® que j’ai créée. J'ai une pratique de coaching au sens large car je travaille sur toutes sortes d’objectifs. Mes consultants peuvent être des dirigeants d’entreprises, des entrepreneurs, des acteurs, chanteurs, musiciens… Ils peuvent être aussi des sportifs mais également des personnes en récupération physique par exemple à l’occasion d’une chirurgie et en accompagnement de leur suivi médical. J’aime aussi beaucoup accompagner les couples dans le domaine de la périnatalité. Et l’une de mes spécialisations est l’accompagnement des personnes à haut potentiel, les hypersensibles et les autistes dits Asperger. Et bien entendu il y a les thérapeutes que j’accompagne de façon parfois individuelle et également en supervision de groupe.

 V.D. :

- Donc, outre tes consultations et les formations, tu donnes également des supervisions. Des supervisions individuelles et tu as également plusieurs groupes de supervision collectives en ligne. Cela m’intéresse beaucoup. Peux-tu m’en parler ?

 D.E. :

- Oui, bien sûr. A l’origine il s’agissait de la supervision en ligne de l’ARCHE, l’école d’hypnose dans laquelle je travaille. J’ai créé cette supervision il y a 12 ans et, depuis 2 ans, j’ai pris l’entière gestion de ces rendez-vous. Ce sont des groupes d’une dizaine de personnes qui se réunissent une fois par mois pour échanger sur leur métier, partager des réflexions, des interrogations, des découvertes… Dans ces groupes, ce sont uniquement des praticiens en hypnose, des hypnologues.

Depuis 5 ans, j’anime également des groupes de thérapeutes intégratifs, ayant des pratiques différentes et ayant en commun une envie de progresser dans leur connaissance de l’humain et d’améliorer en eux la capacité même d’accompagner…

 V.D. :

- Les groupes d’hypnoses sont-ils très différents, par exemple ceux du matin ou du soir ?

 D.E. :

- Oui, il y a également des groupes qui commencent à 9h30, d’autres à 10h et d’autres à 18h30. Je parle en horaires français. Je précise car certains participants sont basés dans d’autres pays, voire d’autres continents. Et chaque groupe a sa personnalité, sa tonalité et sa couleur propre. D’ailleurs certains groupes ont choisi de rester par Skype en audio, comme nous faisions au début il y a 12 ans. Certains ressentent l’absence d’image comme une ouverture, une liberté pour l’attention et la concentration, c’est comme une émission de radio. Pour d’autres, il n’est pas question de n’être qu’en audio et la Visio leur est essentielle et c’est très bien comme ça ! Personnellement j’apprécie la richesse de la multiplicité !

 V.D. :

- Quels sont les prérequis avant de s’inscrire ?

 D.E. :

- Si je ne connais pas encore la personne, je demande à lui parler ne serait-ce que pour trouver avec elle le meilleur groupe. Je lui demande où elle a été formée, si elle est installée professionnellement, ce qu’elle attend d’une supervision, etc. pour trouver le groupe qui correspondra à ses attentes.

 V.D. :

- Tu as un fonctionnement annuel. Donc, si un praticien rejoint la supervision, il fera partie d’un groupe durant tout le temps de son abonnement ?

 D.E. :

- Oui et il peut changer de groupe bien entendu s’il le désire. D’ailleurs, parfois à l’occasion d’une nécessité exceptionnelle d’emploi du temps, certains sont accueillis dans une autre groupe pour une supervision exceptionnelle et c’est toujours enrichissant pour eux de découvrir une autre ambiance et de nouvelles personnalités.

 V.D. :

- On te ressent très enthousiaste. C’est une qualité essentielle pour toi, non ?

 D.E. :

Absolument ! Comme l'est aussi la chaleur humaine ! Dans les métiers d’accompagnement, qu'ils soient thérapies mentales ou corporelles, nous sommes notre propre instrument et il est essentiel de ne pas rester isolé... On reçoit les personnes ‘dans’ ce qui émane de nous. Dans une perspective d’efficacité et d’éthique, nos rencontres mettent bien sûr l’accent sur la qualité et les nuances du rapport d’accompagnement car – Carl Rogers le signalait et bien d’autres ont renchérit – ce rapport reste notre principal outil.

Notre éthique nous demande d’être totalement au service du monde de nos consultants, synchronisés, sans projection… C’est d’une grande exigence car nous avons aussi notre propre sensibilité et notre propre histoire… Nous travaillons dans la ‘matière’ de l’humain et il arrive souvent que les confidences de nos consultants touchent nos émotions, font écho à notre vécu… Etre un 'accompagnant' demande beaucoup de nous : une excellence dans les connaissances bien entendu mais également des valeurs humaines très profondes et une grande disponibilité. Et tout cela en nous a besoin d’être nourrit et inspiré. Il est essentiel de prendre soin de soi autant que de continuer à se former !

Il est essentiel d’être soi-même coaché et supervisé et continuer un travail personnel tout au long de sa vie professionnelle, cela fait partie de la déontologie. C’est nécessaire et aussi cela peut être souvent très agréable car ces supervisions répondent à plusieurs besoins essentiels du praticien ! Echanger sur la pratique, ne pas rester seul avec ses questions, préciser sa technique, apporter à l’intelligence de groupe ses interrogations, ses challenges autant que ses réussites, continuellement se perfectionner, etc.

 V.D. :

- Merci, j’ai l’impression que tu as résumé l’intérêt de la supervision ! Un conseil aux praticiens avant de terminer ?

 D.E. :

Ce métier demande de l’empathie bien évidement, mais aussi une imagination et une sensibilité entraînées, une congruence et une structure puissantes, de l’authenticité et de l’engagement… C’est le plus beau métier du monde car on est à même d’assister à de véritables métamorphoses ! On parle souvent de confiance en soi. Je trouve qu’il s’agit surtout d’avoir une foi immense dans les ressources de l’autre….